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Les fourmis de feu

Mon expérience la plus significative sur les avions qui ont servi pendant la Deuxième Guerre mondiale fut au cours d’une aventure unique et d’un point de vue de pilote des plus enrichissantes,  la lutte contre les "fourmis de feu" dans le sud des États Unis.  C’est dans le cadre de ce contrat que j’ai eu la chance de piloter des avions mythiques, comme la forteresse volante B17, le B25 Mitchell ou l’avion de ligne Martin 404, mais surtout l’avion sur lequel j’ai le plus volé durant cette mission est le PV2 Harpoon et c’est dans ce cadre que je veux vous présenter cet avion  oublié de la dernière guerre.

"Les fourmis de feu", fléau peu connu de ce côté de l’Atlantique et qui frappe plus particulièrement les états du sud des États Unis se concrétise sous la forme d’un tout petit insecte difficilement perceptible à l’œil nu, venu des lointaines colonies. Originaire d'Amérique latine la fourmi de feu à été introduite par accident aux États-Unis dans les années 30 en passager clandestin dans les soutes d'un avion et qui au cours des années est passé de la taille d’une petite fourmi à une vague dévastatrice que rien n’arrête.

Les dégâts qu’elles occasionnent sont multiples, principalement leurs fourmilières élaborées qui rendent les champs impraticables pour les machines agricoles, en outre leur intelligence les rend difficiles à éradiquer car elles repèrent rapidement les nourritures empoisonnées et par un système sophistiqué de communication font passer le message et elles n’y touchent plus. Elles utilisent ce même système de communication également pour attaquer, tuer et ensuite entièrement dévorer de petits animaux de ferme voire même des petits enfants; elles envahissent simplement le corps par les jambes sans que l’on puisse les détecter du fait de leur minuscule taille et au signal donné elles mordent toutes ensemble avec un venin extrêmement puissant et douloureux comparable à une forte brûlure d’où leur nom "fourmi de feu".

Le produit qui fut finalement développé avec quelque chance de succès fut le "Mirex" qui pour tromper leur vigilance permettait de stériliser la reine qui fera donc des œufs qui n’écloront pas, difficile à détecter même pour des insectes très intelligents.

C’est dans ce cadre que l’utilisation des avions rentre en jeu car il faut maintenant le disperser sur l’équivalant de plusieurs départements français à raison d’une trentaine de grammes imbibés dans un demi-kilo de maïs concassé qui devra couvrir un demi-hectare d’une façon uniforme.

Les bombardiers de la Deuxième guerre mondiale sont donc le choix logique pour ce genre de mission, d’une part économiques grâce à l’abondance d’appareils de surplus pas chers et d’autre part suffisamment gros pour transporter une grande quantité de produit, presque quatre tonnes pour le PV2.
Ces avions dont la soute remplit la quasi-totalité du fuselage sont équipés d'un système de dispersion qui dispense le produit en très faible quantité sous le fuselage avec deux tuyaux que l’on appelle les cornes de taureau ainsi que deux autres en bout d’aile.

Les avions volent sur un quadrillage de radiobalises LORAC, parent proche du plus connu LORAN.
Les passes doivent être faites à une altitude constante de 250 mètres au-dessus du sol sur des distances excédant souvent plus de 50 kilomètres sur le fil imaginaire de balises, le vol est fait à la main sans pilote automatique dont la tolérance est de moins de trois mètres de part et d’autre de cette ligne dans tous les axes. Des petits avions du "US Department of Agriculture" vérifiaient le bon fonctionnement de l’épandage en  volant sous nos avions pour s’assurer que le produit tombait bien en quantité suffisante et ceci avec le crépitement du maïs sur leur par brise ils vérifient également l’alignement LORAC

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